lundi 30 novembre 2009

LUCIEN SÈVE : LE COMMUNISME DU 21° SIÈCLE

Michel Peyret
11 octobre 2009
« Il était une fois : le communisme »
C'est le thème du Festival International d'Histoire de Pessac !
Thème ô combien neutre politiquement !
Dans ce contexte , j'ai pensé utile de mettre en circulation le texte ci-dessous de Lucien Sève .
En souhaitant que le débat s'engage au plus profond !
Il est en effet fondamental qu'il ait lieu !
Et aujourd'hui , quand les luttes sociales et politiques affrontent le capitalisme en crise !
Plus que jamais !
Intervention de Lucien SEVE, le communisme du 21ème siècle.
mardi 25 novembre 2008par Sève Lucien
AlternativeForge.net ::: http://alternativeforge.net
Compte tenu de ce qu’Yvon Quiniou vient de dire sur son travail, je dis un mot sur ce sur quoi je travaille.
J’ai engagé, imprudemment à mon âge, une série de quatre ouvrages sous le titre général Penser avec Marx aujourd’hui.
Passe encore de bâtir, mais écrire une tétralogie à cet âge, ce n’est pas prudent.
J’en sais quelque chose puisqu’ayant publié il y a quatre ans l’introduction au premier tome qui se sous-intitule Marx et nous, je suis en train de terminer, enfin, au bout de quatre ans, le deuxième tome qui s’intitulera « l’homme ? »
Je suis sur Marx et l’anthropologie au sens théorique du mot.
C’est inimaginable ce qu’il y a à dire, à la fois en montrant ce que Marx apporte, qui est à mes yeux incalculable ; et en polémiquant, à un niveau j’espère suffisamment élevé, en permanence contre ce qu’est aujourd’hui l’anthropologie dominante, laquelle de manière souterraine et parfois d’ailleurs affleurante, joue un rôle très important dans l’idéologie de défense du capitalisme.
Voilà, je travaille là-dessus.
Je suis dans la dernière ligne droite, mais elle est longue.
Sur le communisme, j’ai écrit aussi plusieurs livres.
Dans la toute dernière période, j’ai commis quelques textes que peut-être certains d’entre vous connaissent, et je suis dans la situation d’avoir ou à me répéter, ou à me contredire, selon la formule connue.
Vous comprendrez que je choisisse la première branche de l’alternative.
Je m’en excuse auprès de ceux qui auraient lu les textes que je vais non pas paraphraser – j’espère parler de manière relativement originale – mais enfin quant au fond, je l’avoue, je n’ai rien de neuf à avancer par rapport à ce que j’écrivais en décembre.
Ma pensée évolue certes, mais quand même pas à ce rythme.
J’ai 20 minutes, je vais essayer de présenter 4 idées.
Vous devinez d’avance à quel point en cinq minutes ces idées seront schématiques.
Elles s’exposent ainsi, ventre ouvert, à la critique acérée d’Yvon Quiniou qui ne manquera pas d’y procéder et, par là, de nous engager dans un échange, un débat, un approfondissement peut être.
Première idée : notre vie publique est dominée par un dogme, dont le poids est écrasant.
Ce dogme c’est que le communisme a été essayé, comme on dit, et qu’il a échoué d’une manière incontestable et écrasante.
C’est donc terminé. C’est le grand dogme dans lequel nous vivons, dans lequel nous pensons, dans lequel nous échangeons, dans lequel nous essayons d’inventer.
Le communisme est mort.
À cela j’objecte que le communisme n’a pas pu échouer pour l’excellente et simple raison qu’il n’a jamais été « essayé », nulle part.
Ni dans des pays qui ont voulu construire au-delà du capitalisme, ni de la part de partis, qui sans être jamais parvenus vraiment au pouvoir, ont censément fait de la politique avec le communisme.
Je dis qu’ils n’en ont jamais fait vraiment avec le communisme, y compris le parti dont je suis membre depuis maintenant pas loin de 60 ans.
Pour tirer au clair cet étrange constat – le communisme a été essayé et il a échoué, réponse : pas du tout, il n’a été essayé nulle part – il faut se demander : de quoi parle-t-on ? Que veut-on dire ?
Pour moi cette question a commencé à prendre corps au tout début des années 80.
Ayant été beaucoup mis en mouvement (comme nombre de communistes, membres du Parti ou pas, mais appartenant à cette mouvance politique), par le fameux abandon de la dictature du prolétariat en 1976, qui posait des problèmes stratégiques fondamentaux ou, plus exactement, qui devait poser ces problèmes beaucoup plus qu’il ne l’a fait réellement, ma réflexion a été particulièrement sollicitée à ce moment-là.
D’autant plus que j’étais en bisbille avec Althusser sur ce point.
Lui était pour qu’on garde la dictature du prolétariat, moi j’étais absolument d’accord avec la décision du Parti, mais pas du tout d’accord avec le manque de pensée théorique qui accompagnait cette décision.
C’est ce qui m’a mis en mouvement.
Ce mouvement a abouti à ce qui a été pour moi une véritable découverte et que chacun peut refaire aujourd’hui encore.
J’ai longuement enseigné que Marx, dans un texte fameux de 1875 qui s’appelle la critique du programme de Gotha, explique qu’au-delà du capitalisme, il y a deux moments historiques fondamentaux.
Le premier, qui est une phase inférieure, c’est le socialisme.
Le deuxième, plus tard, phase ultérieure, sera le communisme.
Or, j’ai commencé à découvrir à ce moment-là, il y a de cela pas loin de 30 ans, qu’en réalité ce n’est pas du tout cela le vocabulaire de Marx.
La fameuse première phase, jamais nulle part, en aucune circonstance, il ne l’a appelé socialisme.
Il l’a toujours appelé communisme.
Mieux même, le choix du mot communisme par Marx et Engels, qui est une longue histoire dans laquelle il est hors de question d’entrer en quelques minutes, est un choix fondamental, théorique, qu’Engels éclaire notamment dans la préface à l’édition anglaise du manifeste de 1877, lorsqu’il dit nous avions le choix entre socialisme et communisme en 1848, mais socialisme c’était un terme bourgeois, salonnard alors que communisme était prolétarien.
Et de plus, quand on s’intéresse au contenu, le socialisme renvoyait à toute sorte de choses dont l’étatisme, alors que le communisme, de ce point de vue, était beaucoup plus proche de l’anarchisme, malgré une divergence radicale quant à la manière et au moment de la suppression de l’Etat.
Mais en tout cas le communisme c’est le dépassement, l’abolition de l’Etat. Donc entre socialisme et communisme il n’y a non pas successivité historique : d’abord le socialisme puis, tout naturellement, comme son aboutissement, le communisme.
Question : et alors pourquoi l’Union soviétique n’a-t-elle jamais transité vers le communisme, contrairement à la croyance, à l’espoir de Khrouchtchev qui annonçait que le socialisme bien « beurré » serait meilleur que celui « sans beurre », et que ça allait se produire dans peu d’années ?
À ce moment-là, on vivait encore dans l’idée qu’on était dans la phase socialiste, puis qu’on allait passer enfin (en tout cas commencer à passer) au communisme, avec la gratuité du métro, tout ça, qui allait s’étendre petit à petit.
Puis, sous Brejnev, le communisme disparaît.
Ou plutôt il existe, mais très « en haut ».
Au sommet des immeubles comme dans des slogans que plus personne ne regarde.
Ceux qui sont allés à Moscou dans ces périodes-là ont certainement encore cette extraordinaire image des grands slogans en lettres éclairées la nuit : « En avant vers le communisme », ce qui n’avait rigoureusement plus aucun sens, qui n’en avait jamais vraiment eu, mais qui alors là, officiellement, n’en avait plus aucun.
J’ai déjà presque atteint les 5 minutes pour l’exposé de la première idée, c’est beaucoup trop court pour dire quelque chose de vraiment substantiel.
Je dirai donc : il y a entre socialisme et communisme, non pas un rapport de succession historique dans lequel nous avons longtemps marché (enfin moi en tout cas) mais bien plutôt une différence fondamentale d’orientation qui fait que jamais le communisme ne peut sortir du socialisme.
Si une chose est acquise, c’est celle-là.
Disons de manière extrêmement schématique (mais peut-être si, à tâtons, je touche à quelque chose, on pourra préciser davantage) : dans l’idée du socialisme, il y a l’idée de la conquête révolutionnaire du pouvoir politique comme moment décisif pour changer la société.
Il faut conquérir le pouvoir d’état pour changer la société.
Donc le changement de la société, fondamentalement, s’opère par en haut.
Ce qui a d’innombrables conséquences, y compris en matière d’organisation car alors le parti dont on a besoin pour ça est aussi un parti de pouvoir, un parti de conquête du pouvoir, et donc un parti dans lequel il y a un pouvoir, un parti vertical.
Il y a toute une cohérence, la cohérence bolchevique si vous voulez, brillante et puissamment pensée chez Lénine.
Mais cohérence caricaturale et mortifère puisque, chose étrange, des mouvements et des pays se réclamaient du communisme tout en s’intitulant clairement socialistes.
Mic-mac de vocabulaire qui traduit un impensé théorique fabuleux.
Dans le socialisme, il y a intrinsèquement l’idée d’un pouvoir d’Etat. Il n’y a donc pas ce qui est le « cœur du cœur » de l’idée communiste chez Marx : l’appropriation des moyens de productions et d’échanges, et plus largement des moyens de vivre de l’ensemble de ce qu’il appelle les puissances sociales des hommes, l’appropriation par les producteurs associés.
C’est tout à fait autre chose que la conquête du pouvoir politique à partir duquel on transforme la société et qui va, en réalité, rester, à demeure, le vrai dépositaire de l’appropriation.
L’idée communiste, profondément différente, c’est l’idée de l’appropriation par les gens eux-mêmes, associés donc aux bénéfices de nouveaux rapports qui s’établissent entre eux.
Le communisme n’a pas échoué, il n’a jamais été « essayé ».
Pour des raisons de tous ordres, qui sont d’abord des raisons historiques liées aux situations réelles des pays dans lesquelles se sont faites des révolutions majeures mais aussi pour des raisons qui tiennent à toute l’histoire du mouvement ouvrier, notamment au fait que contrairement à ce dont on s’est longuement gargarisé, il n’est pas vrai que les idées de Marx et Engels ont pénétré le prolétariat dans les grands pays avancés à la fin du 19ème siècle.
C’est complètement faux. La sociale démocratie allemande n’est pas du tout communiste, pas du tout.
Et c’est un des drames de la fin de la vie de Marx et d’Engels, qui vit 12 ans de plus, de voir qu’en effet les choses ne vont pas dans ce sens la.
Elles vont dans le sens du socialisme, de l’étatisme et même dans le cas du lassalisme, courant majeur du mouvement ouvrier allemand, dans l’idée qu’on peut s’entendre avec Bismarck pour créer des formes productives nouvelles. Avec Bismarck ! Le socialisme a été infesté de cela.
En ce sens, le stalinisme, l’irruption brutale de l’Etat dans tout ça n’est pas une surprise complète.
C’est un peu dans la logique des choses.
L’idée d’un socialisme autogestionnaire ultra-humaniste fait partie de ces rêves théoriques qu’on peut naturellement manipuler, mais qui sont sans consistance profonde.
Vous n’y coupez pas : ou bien vous vous tournez vers le socialisme, ou bien vous vous tournez vers le communisme.
Il y a un dilemme, et nous sommes toujours devant.
Quel dépassement du capitalisme aujourd’hui ?
Cette première idée vous permet sans doute d’entrevoir que, bien évidemment, je suis totalement, inconditionnellement, absolument et entièrement pour une alternative communiste au capitalisme.
Je pense qu’il n’y en a pas d’autre.
Qu’une autre, c’est une rêverie.
Cela renverse donc complètement, 2ème idée, un autre dogme, selon lequel le communisme est probablement une très belle idée mais, malheureusement, intrinsèquement utopique.
C’est une idée qu’on rencontre partout, de mille manières, et que les communistes ont eux-mêmes longuement entretenue, en qualifiant le communisme « d’idéal ».
C’est un litige que j’ai eu jusqu’au bout avec Georges Marchais.
Il n’a jamais renoncé à l’idée que le communisme était un idéal, et dans cette façon de penser le communisme comme idéal, je vois précisément ce qui me parait l’erreur des erreurs, l’incompréhension des incompréhensions.
C’est l’idée selon laquelle le communisme sera un « plus » quand on aura fait le socialisme.
Le socialisme pour la France d’abord et après, plus tard, on ne sait pas quand, comme couronnement, le communisme.
Idéal ? Utopie ?
Vaste chapitre auquel on peut aisément consacrer toute une séance de discussion.
Je sais bien que le mot utopie est souvent pris, aujourd’hui, en bonne part ; qu’on revalorise l’utopie par rapport à l’avachissement devant les rapports existants, leur poids apparemment écrasant, l’impossibilité apparemment démontrée de ne pouvoir rien faire d’autre.
Beaucoup de gens pensent que utopie c’est bien, c’est positif, ça réveille.
Je ne méconnais pas cet aspect des choses mais plus profondément, je m’excuse, Marx a passé sa vie à lutter contre l’utopisme.
Vous direz utopie et utopisme, ce n’est pas pareil.
On peut en discuter, bien sûr.
En tout cas, l’utopisme, c’est la pire des choses.
Et surtout c’est ne pas comprendre quelle est la démarche de Marx.
Car Marx est tout sauf un rêveur humaniste, un philanthrope qui dit « Ce serait tellement mieux si… ».
On ne changera jamais l’histoire avec des « Ce serait tellement mieux si… ».
Toute la démarche de Marx, c’est de dire je m’occupe du réel, je regarde ce qui se passe dans la réalité, j’étudie le mouvement du capital et qu’est ce que je constate ?
Que ce mouvement est puissamment contradictoire.
Aspect des choses que nous n’avons (je dis nous, c’est la tradition communiste française, mais aussi internationale) jamais pleinement voulu prendre en compte.
Alors que c’est clair comme le jour à la lecture du Manifeste.
Le Manifeste est un vibrant éloge historique de l’apport positif du capitalisme.
C’est quand même extraordinaire, non ?
Le capitalisme a révolutionné l’histoire, il est puissamment contradictoire et il le reste.
Il bouscule tout, il créé des choses nouvelles.
Et dans tout ça, il y a de l’horreur.
Nous sommes dans l’horreur jusqu’au cou.
Mais en même temps regardez bien : cette horreur a un envers.
Cet envers, c’est des possibles ou, inversement, ces possibles, hélas, sont tous grevés d’une face abominable.
On est dans la contradiction intense.
Il ne s’agit donc pas de rêver d’une autre forme sociale, il s’agit d’examiner ce qui se passe, d’étudier les contradictions en mouvement, de voir quels sont les possibles qui affleurent.
Prenons un exemple tout simple.
Même aujourd’hui, même dans l’abominable de la situation qu’on connaît à l’échelle nationale, à l’échelle internationale, à l’échelle mondiale, à l’échelle planétaire, il y a, dans l’ensemble, un développement de la productivité du travail humain fabuleux, permanent.
Enfin permanent : compliqué, contradictoire, coupé de phénomènes contraires.
Je retombais hier sur un article que j’avais découpé d’un ouvrier de chez Renault.
Il calculait l’augmentation de la productivité chez Renault en 20 ans et trouvait 40.
Partout, vous avez des processus comme cela.
Partout, autrement dit malgré tout, malgré la casse, malgré des gâchis inimaginables, que la masse des gens n’imagine même pas, dont le capitalisme est responsable.
Or, c’est un point très important à mes yeux, malgré tout cela, il y a un développement de la productivité du travail qui fait que dans des pays développés « à chacun selon ses besoins » n’est déjà plus du tout une utopie.
Ce serait parfaitement possible, dès maintenant.
Je ne dis pas à chacun selon « tous » ses besoins, sans autres limites que sa conscience éthique, non, mais très largement déjà.
Très largement des gratuités, des pouvoirs d’achat sans comparaison avec ce qui existe aujourd’hui et qui est invivable pour l’immense majorité des gens qui travaillent.
Tout cela est déjà possible.
Mais tout cela est masqué par l’ampleur inouïe des gâchis.
Je nous trouve d’une faiblesse effrayante sur le recensement des gâchis capitalistes.
Je ne peux pas prendre le temps de le faire ici.
Je donne cependant une idée.
Si je prends comme unité de compte la centaine de milliers de milliards d’euros ou de dollars, je peux énumérer dix rubriques dans lequel il y a des gâchis de cet ordre de grandeur.
Si donc on mesure l’ampleur des gâchis, on mesure à quel point l’idée de l’utopie communiste est elle-même une idée complètement misérable.
J’abrège, j’ai passé mes cinq minutes.
Je dirai : le développement des individus est un élément capital, le développement multilatéral des individus, et spécialement ce qui se passe du côté des femmes. (Je ne dirai pas que la femme est l’avenir de l’homme, car c’est une formule très poétique mais bien équivoque. Cela dit, il y a de l’avenir qui se passe là, vraiment.)
Le développement de moyens d’information, de communication et d’échange qui rendent une démocratie directe possible à l’échelle planétaire ; la planétarisation d’une manière générale des échanges, de la communication et des problèmes :
Tout ça c’est des possibles. Des possibles qui ne se réalisent pas d’eux-mêmes.
Voir ces possibles, ce n’est pas se reposer, c’est savoir comment travailler.
Ce n’est pas « rêver à… », C’est partir des contradictions insupportables qui, en même temps, contiennent en elles-mêmes des éléments avec lesquels on peut commencer à transformer en profondeur les rapports sociaux.
Troisième idée. Si, donc, le communisme est bien la vraie alternative par rapport au capitalisme ; s’il n’est pas une utopie mais au contraire un mouvement réel que nous avons sous les yeux, vouloir moins que le communisme, aujourd’hui, c’est être en dessous de la situation.
Si l’on demande moins, on est déjà sur la pente savonneuse d’une sociale démocratie qui va tout accepter.
Il me semble qu’il faut mettre la barre au moins à ce niveau par rapport à ce qu’est la situation.
Mais alors comment avancer dans cette direction ? Je pense que l’histoire nous a administré au 20ème siècle une double leçon inoubliable.
La première, c’est qu’il y a une voie qui a fait faillite.
Elle a été essayée et elle a fait faillite.
C’est la voie de la révolution, avec une bonne dose de violence naturellement, mais la violence n’est pas un élément complètement définitionnel.
Elle est simplement une circonstance qui va normalement de soi quand on pose le problème dans les termes d’une révolution de conquête du pouvoir politique, et à partir de là, - à partir de ce que Lénine, dans une conférence très populaire sur l’Etat appelait « le gros gourdin » qu’il faut prendre à la classe adverse - on fait place nette et on construit une nouvelle société.
De manière ultra schématique, c’est le stalinisme.
On sait ce que ça donne.
Cela n’apporte pas ce qu’on espère, et ça discrédite historiquement à un point que nous n’avons pas fini de vivre.
Parce que les procès de Moscou sont loin, mais ils sont toujours là.
Je trouve que c’est important de se poser la question : pourquoi peut-il y avoir chez beaucoup de gens tant de haine du communisme ?
Dans l’anticommunisme d’aujourd’hui encore, il y a une haine profonde.
Cette haine a des racines historiques inoubliables.
Cette voie n’a pas seulement échouée, c’est une voie infâme, honteuse, et en tout cas inexorablement décevante.
D’un autre côté, il y a, précisément parce que cette voie-là n’est pas possible, n’est pas bonne, n’est pas acceptable, l’idée selon laquelle il faut se contenter du système que nous avons, en essayant de le traficoter pour l’améliorer, pour le rendre moins injuste.
Nous sommes plus que jamais dedans, alors que le courant de pensée et d’action dit socialiste en France aujourd’hui (si le parti socialiste était capable de tirer au clair ses rapports théoriques avec le mot socialisme, on aurait déjà fait un certain progrès. Mais apparemment, il n’en est même pas capable, il est au dessous de la ligne de flottaison du minimum de la pensée théorique) n’offre pas d’issue.
Il faut bien reconnaître que nous sommes devant un problème stratégique sans précédent, qui exige de nous une invention du même ordre de grandeur que celle dont Marx et Engels ont fait preuve avec le Manifeste communiste, mais dans une situation où le capitalisme rend le monde invivable et, à terme, pas forcément éloigné, pose même la question de la survie de l’humanité, sa survie physique à travers le drame écologique.
Et j’enrage de voir que nous ne sommes pas capables de faire monter l’autre thème, le thème anthropologique, c’est-à-dire la survie morale de l’humanité, la survie de ce qu’est être un homme et pas une bête.
Ça, c’est en danger à un point extraordinaire.
Les écologistes ont été capables, il faut leur en donner acte, de constituer un mouvement de prise de conscience.
Nous, nous n’avons pas été capables, jusqu’ici, de constituer un mouvement analogue au service de la cause anthropologique, c’est-à-dire de la lutte contre la manière sans nom d’abîmer l’humanité au sens qualitatif du mot, l’humanitas, le fait humain, le fait d’être homme.
C’est l’autre versant.
Il y a le versant écologique, il y a le versant anthropologique, qui n’est pas d’une moindre importance, et nous sommes d’une grande faiblesse.
En écrivant un livre sur « l’homme ? », je n’ai pas le sentiment unique de faire de la philosophie au mauvais sens du mot ; j’ai le sentiment d’être pleinement au cœur de nos problèmes.
Si ces deux démarches sont en faillite, comment fait-on ?
Personne n’a de lapin à sortir de son chapeau.
Je ne prétends pas en sortir un sous vos yeux médusés.
Mais, je dirai quand même, à partir d’une formule qu’on peut reprendre à Jaurès – il y aurait à dire, il y aurait à voir, en particulier l’évolution si complexe et si intéressante de la pensée de Jaurès, ce qu’il appelait « évolution révolutionnaire » – une formule exhumée depuis une dizaine d’années, à mon avis judicieusement, qu’aucune formule ne règle aucun problème par elle-même, elle indique simplement une direction de recherche, une évolution révolutionnaire.
Au fond on a vécu, on vit toujours, mais c’est déjà un petit peu derrière nous, le foisonnement de mouvements sociaux, lesquels ont montré que des formes nouvelles d’action transformatrices dans la société sont possibles.
Mais, en même temps, elles portent leurs limites, elles sont morcelées, elles ne débouchent pas sur un processus global de transformation.
C’est un mouvement social mais malheureusement pas politique.
Il s’agit de chercher, en tâtonnant, la voie de mouvements socio-politico-culturels, quelque chose dans ce genre.
Des mouvements enracinés dans ce qui ne peut plus durer, dans ce qui met spontanément en mouvement des tas de gens, dans des tas de sens différents.
Il y a du dynamisme possible.
Et ça, malheureusement, ça n’est pas pensé, ça n’est pas coordonné, ça n’est pas durable.
Je suis très frappé, en jetant un regard rétrospectif sur l’histoire du parti dont je suis membre et considérant que l’essentiel était la future révolution, de ce que, quelques mois avant sa mort, Jacques Duclos disait devant moi « j’espère quand même bien vivre jusqu’au socialisme en France ».
C’est ainsi que le problème était posé, c’est ainsi qu’il était pensé.
Mais je m’égare, si je vais dans cette direction.
Au fond, il me suffit de dire : il y a à inventer la voie d’un nouveau type de mouvement qui engage au comptant des transformations effectives, des transformations profondes.
Des exemples, lisez l’Huma chaque semaine, vous allez en trouver.
Il y a quelques jours, un nommé Frédéric Lorbon a publié un grand texte sur la finance sans loi.
Un texte très vigoureux de pensée.
De très bon tonus je trouve.
Il terminait en disant « mais il faut faire quelque chose enfin, on ne va pas laisser tout de même la finance circuler comme ça. »
Il avance l’idée qu’il faut engager une pétition pour l’abolition de l’article 56 du traité de Lisbonne.
Bon, c’est une idée.
Huit jours après, une telle pétition prend corps.
Quel est l’avenir d’une telle initiative ?
Personne n’en sait rien.
En tout cas, ce qu’on observe en général, c’est que ce genre de choses marche pendant une semaine, pendant un mois, éventuellement pendant trois mois, puis ça tombe.
Toute la question est là.
Tout est tellement relié.
On peut tirer un fil, mais le problème c’est de ne pas le lâcher.
Tirons, continuons systématiquement à tirer, et il va venir quelque chose.
Des entrées, il y en a en permanence.
Prenez l’épidémie de suicide de salariés sur le lieu de travail et ce que ça dit sur « où on en est ».
Pour le coup, la cause anthropologique, là, on y est.
Ça met en cause l’organisation du travail, laquelle met en cause le poids nouveau dont pèse l’actionnaire dans la gestion, ce qui met en cause, au bout, toutes les logiques financières.
Il faut prendre ça, qui est une cause urgente, immédiate, mobilisatrice, mais réfléchir sur pourquoi, jusqu’ici, tout ce qu’on a fait dans ce domaine est resté limité, sectoriel, borné dans le temps.
Il faut travailler à ça et à partir de là, commencer à construire un réseau, un tissu, un maillage d’initiatives transformatrices.
J’en viens à mon dernier point.
En même temps que « comment faire ? » (c’est-à-dire stratégiquement), vient une question brûlante « comment s’organiser pour faire ça ? ».
C’est toute la question de la forme de parti.
Je me désespère un peu de voir que beaucoup, à mes yeux, sous-estime la radicalité.
Sous-estime à quel point là, il y a une vraie percée à faire, des changements fondamentaux à opérer.
Pas en se jetant dans le vide.
Je suis contre toute solution brutale, risquée, aventureuse.
Nous savons ce que nous avons encore, gardons le précieusement, ne perdons rien, ne sabotons rien, faisons marcher tout ce qui marche.
Je ne suis pas du tout dans une optique du grand soir, et de la suppression aventureuse.
Non. Mais expérimentons sérieusement des formes tout à fait différentes d’organisation.
Et cohérentes avec ce qui a été dit précédemment, si du moins ça vous parait pouvoir tenir la route, comme l’ancienne conception du parti était cohérente avec l’ancienne conception stratégique.
Car Lénine n’était pas un imbécile.
Moi je défends hautement l’œuvre de Lénine, la mémoire de Lénine, la pensée de Lénine, qui est odieusement méconnue, calomniée.
Autant, je suis prêt à signer un texte disant que le léninisme ne peut plus rien nous apprendre pratiquement, autant l’œuvre de Lénine reste une réflexion, une pensée politique magistrale.
Or, il y avait une cohérence fondamentale entre la verticalité du parti (le que faire ?), le parti organisé de haut en bas et un prolétariat qui n’avait pas la culture, n’avait pas la conscience.
Il fallait lui apporter les idées socialistes.
Tout ça était complètement cohérent, parfaitement pensé en un tout, en un bloc même, à la limite.
Mais maintenant il faut évidemment une toute autre cohérence.
Et si le communisme, à la différence de l’étatisme socialiste, c’est les producteurs associés qui s’approprient eux-mêmes leur puissance sociale, alors la forme d’organisation qui correspond est dictée d’avance elle aussi.
C’est la suppression de la verticalité et l’exploration systématique des possibilités de l’horizontalité.
Au lieu de ce que nous continuons à faire avec une absence de succès répétitive et flagrante (la direction se réunit et décide d’engager des campagnes) faisons confiance aux gens.
Car enfin, quelqu’un veut transformer le monde dans un parti qui va lui dicter ce qu’il doit faire ?
C’est de l’incohérence !
Je le répète : faisons confiance aux gens eux-mêmes pour prendre en main leur propre sort.
Jouons à fond la carte de l’horizontalité.
Je pense, de ce point de vue, que la cellule est un mode d’organisation totalement périmé, car la cellule n’est pas le lieu possible de la mise en mouvement d’une politique, au sens général, global et profond qui est aujourd’hui nécessaire.
Ce n’est pas possible.
En principe une cellule, c’est le lieu de réception de toute une série d’initiatives décidée en haut et dont elle est l’exécutant potentiel (d’ailleurs de plus en plus inexécutif).
La dégénérescence de ma propre cellule m’a énormément appris, je dois dire.
Dans un ensemble de 300 logements, voir comment elle était il y a 25 ans, et comment elle est devenue dans la dernière décennie, c’est au-delà du navrant il y a de quoi pleurer, mais en même temps, tout cela fait réfléchir.
On voit bien pourquoi cela ne peut plus marcher comme ça.
J’imagine, je rêve, je ne suis pas totalement contre l’utopique, une assemblée de militants, en carte ou sans carte, c’est une question subalterne, on verra plus tard, qui veulent transformer vraiment la société et qui s’attachent, dans un lieu donné, à l’échelle de ce qu’est dans le Parti communiste aujourd’hui une section.
Je suis à Bagneux, où il y a encore quelques centaines de militants.
Ils se réunissent, ils discutent le coup, et ils retiennent 2, 3, 4 objectifs d’initiatives, en fonction de ce qu’ils sont, de ce qui les intéressent, de la situation locale.
Ils décident de ça et ils constituent (jadis j’employais le mot réseau, je ne l’emploie plus parce qu’il a donné lieu à des tas de contestations, à des expériences malheureuses, ou qu’on n’a pas voulu réussir), disons un atelier, car pour l’instant le mot n’a pas encore été saboté.
Prenons ce mot, donc, avant qu’il soit saboté par la suite, comme je le redoute.
Il y a là des gens qui ne peuvent pas vivre avec l’idée que des salariés en sont maintenant à se suicider sur le lieu de travail.
Ils prennent cette question, non pas dans une cellule, mais dans un atelier consacré à cette question.
Ils partent de là. Ils s’informent, ils rassemblent les données. En s’informant, ils gambergent. Cela pose quel problème ?
Aussitôt on se rend compte que si le problème se pose ici, il se pose à maints endroits ailleurs.
Alors une communication horizontale est d’emblée nécessaire.
Je constate qu’ailleurs les ateliers sur ce même sujet se sont constitués.
Ils échangent entre eux.
Echange de questions, échange d’expériences, de savoirs.
Constitution centrale car pour moi dans la forme parti, ce qui est mort c’est la verticalité, mais pas du tout la centralité.
Une centralisation horizontale est tout à fait nécessaire.
Supposons que nous ayons, dans le pays, des douzaines d’ateliers qui se battent sur la même question, qui essaient de faire avancer la même sorte d’initiative, par l’échange entre eux.
A certains moments, cela peut aller vers une journée d’étude, physique ou fictive, ou immatérielle, ou informatisée.
On approfondit, on consulte des spécialistes, on lit et on travaille, et on fait rebondir tout ça dans des initiatives mieux affinées, plus pertinentes par rapport à la situation.
Je rêve, je rêve. Mais cela me paraît un rêve productif.
Une toute autre forme d’organisation, pour une tout autre stratégie, à un tout autre moment historique et avec une tout autre conception du communisme.
Dimanche 11. Octobre 2009 19:39

RADARS: IL N'Y AURA PLUS D'AVERTISSEURS!

LES PRÉFECTURES VIENNENT DE RECEVOIR UNE INFORMATION CONFIDENTIELLE datée du IO NOVEMBRE. Titre:

SUPPRESSION DES PANNEAUX DE SIGNALISATION DE RADARS FIXES.
Texte:
A partir du 1° Janvier 2010, les installations des panneaux annonçant la proximité des radars ne seront plus systématiques, à la demande des associations contre la délinquance routière.
Cette nouvelle disposition devrait permettre de réaliser des économies substantielles, quand on sait le coût du panneau et de la pose - environ 10.000 euros-, et de positionner par ce biais davantage de contrôles fixes. Je ne saurais trop vous demander de rester discret sur ces nouvelles dispositions, au moins jusqu'aux élections régionales.
Par ailleurs, dès 2010, les positionnements seront multipliés, l'objectif étant de mettre en place des points fixes tous les 10 kilomètres, sur les axes principaux de vos régions, pour tendre vers un point tous les 2 km, d'ici 2015.
L'ENVOI A DOMICILE DES CONTRAVENTIONS.
Le passage en Société Anonyme de la Poste apporte également quelques points de modification pour améliorer la rentabilité des services, ainsi l'affranchissement ne sera plus pris en compte par l'administration, et les contraventions seront expédiées en port dû, dès le 1° Janvier 2010. Si le contrevenant ne veut pas acquitter la taxe d'affranchissement et qu'il refuse le courrier, l'amende sera doublée et réclamée par le trésor public.
En cas de non paiement, ce sera alors aux gendarmes et policiers de se présenter au domicile du susnommé, pour encaisser les sommes selon la procédure actuelle en vigueur.
Pour application immédiate....etc....etc....le chef de cabinet du ministre

mardi 24 novembre 2009

LA PUB REND CONS, ON LE SAVAIT, MAIS LE DIRA-T-ON JAMAIS ASSEZ?

UN LIVRE ANTI-PUB, UN OUTIL CONTRE LES CONS DE LA PUB!
HARA-KIRI. LA PUB NOUS PREND POUR DES CONS, LA PUB NOUS REND CONS, de Cavanna. Éditions Hoëbeke, 192 pages, 27 euros.
Nous avions déjà signalé le bien méchant livre consacré à l’histoire rocambolesque du journal Hara-Kiri. Fort d’archives inépuisables, Cavanna récidive ici avec tout un beau livre sur la réclame, si florissante dans les années 1960. L’occasion, pour les auteurs du journal le plus impertinent de France, de procéder à un détournement en règle du monde merveilleux et normalisé de la pub, comme l’exprime Cavanna en préface : « Que ce soit pour vendre des nouilles, une voiture, une montre sertie de diamants, le publicitaire fait la manche. Qu’il se déguise en clown, en belle fille ou en bébé, il implore. Et nous, sans pitié que nous sommes, nous montrons son nez rouge, nous arrachons ses oripeaux, nous détournons son message et nous en mettons en évidence la pauvreté. » Avec un humour outrancier et une provocation assumée, Hara-Kiri dénonce la bêtise aliénante de la société de consommation. Une critique saine, avant-gardiste et d’une actualité inchangée.

lundi 9 novembre 2009

SARKOZY, RICHE IMMIGRÉ DONNEUR DE LECONS

Lundi 9 novembre 2009
SARKOZY, POURFENDEUR DU COMMUNISME, 62% DE HONGROIS, PAYS DE VOS RACINES, REGRETTENT LA HONGRIE SOCIALISTE ! 20 ans après la chute du mur de Berlin: pourquoi 62% des hongrois regrettent la Hongrie socialiste Pourquoi 62% des Hongrois regrettent la Hongrie socialiste

62% des Hongrois jugent que l’ère Kadar (1957-1989) a constitué l’époque la plus heureuse de leur pays. Ils n’étaient que 53% dans le même sondage en 2001.

La filiale hongroise de l’institut de sondage allemand gfk-Hungaria a réalisé en mai 2008 un sondage sur la perception par la population du passé de leur pays. De façon encore plus marquée qu’en 2001, les sondés considèrent que la période antérieure au changement de régime (1989) a été la « plus heureuse » de l’histoire. L’expression de cette nostalgie concerne plus particulièrement la période comprise entre 1956/8 et 1985/9, lorsque János Kádár était chef du gouvernement et premier dirigeant du parti socialiste ouvrier (PSOH) au pouvoir.



Dans le détail, l’enquête ne permet pas de visualiser les opinions exprimées en fonction de l’appartenance sociale. Toutefois, nous observons que la popularité de la période « kadarienne » diminue avec le niveau de diplôme (54% pour les diplômés de l’université et des grandes écoles, 58% chez les bacheliers, 62% chez les diplômés des lycées professionnels et 67% chez ceux qui ont arrêté leurs études avant le lycée) et avec la taille de la ville (maximum de popularité atteint dans les villes de 2 à 5000 habitants et minimum relatif à Budapest). Cette indication est suffisante pour tirer quelques enseignements sur le sentiment des classes populaires : alors que les cadres des grandes entreprises, diplômés des écoles de commerce et des universités de droit, se concentrent à Budapest, les petites villes de province abritent une population d’ouvriers et d’employés, mal payée et mal protégée, mais aussi de retraités et de chômeurs survivant dans une situation très difficile. Nous pouvons aussi supposer que les petits commerçants et artisans (dont les activités étaient restées privées du temps du socialisme) font partie des sondés favorables à ce qu’il est convenu d’appeler en Hongrie l’ « ancien régime ».




De façon assez logique, cette popularité croît avec l’âge des sondés : 80% chez les plus de 50 ans, 72% chez les 40-49 ans, 55% chez les 30-39 ans et seulement 24% chez les 15-29 ans qui n’ont pas ou à peine connu cette époque directement. Autre résultat intéressant de ce sondage : le « score exceptionnel » obtenu par les deux dernières décennies qui sont considérées par 60% des personnes interrogées comme la plus malheureuse du XXe siècle (12 points de plus qu’en 2001), loin devant la période Kádár et l’avant-guerre (13% chacune) !


L'augmentation de la sympathie pour la période Kádár depuis 2001 n’a rien d'étonnant. Le « miracle hongrois », tant célébré par la Commission Européenne avant l’élargissement de mai 2004, a pris fin il y a plusieurs années. La prospérité économique relative qu’avait connu le pays dans les années 1990 reposait sur le flux ininterrompu des investissements occidentaux. Celui-ci contribuait au développement de certaines activités dans la capitale et dans quelques grandes villes, grâce à des délocalisations industrielles (automobile, pharmacie, informatique) et l’installation de sièges sociaux (IBM). L’essoufflement de cette dynamique est dû aux nouveaux horizons des délocalisations industrielles, encore plus lointains (Roumanie, Slovaquie, Turquie), mais aussi au rapatriement du profit par les premiers investisseurs. De plus, l’abondance passagère de capitaux étrangers a eu un prix : celui de la privatisation et de la liquidation rapide du secteur industriel socialisé et celui de l’alignement sur les législations les plus libérales en ce qui concerne la protection maximale du revenu du capital, la faiblesse de l’imposition des entreprises, la ruine des systèmes sociaux solidaires et le démantèlement du droit du travail.




Les conditions de vie du plus grand nombre, déjà sévèrement détériorées par le changement de système en 1989, se sont à nouveau dégradées après 2001. Le gouvernement « libéral-socialiste » a opté de manière brutale pour une politique de rigueur. Une série de mesures visant les dernières entreprises publiques (transports), les hôpitaux (fermetures de site, privatisations, forfait hospitalier), les universités (autonomie, réduction des crédits, envolée des droits d’inscriptions) et les administrations des ministères (vente du parc immobilier, réduction du personnel) a été très durement ressentie. Dans le même temps, les impôts sur la consommation (TVA à 25%, la plus forte d’Europe) et sur le revenu (peu ou pas de progressivité) sont maintenus à des taux élevés. Enfin, les Hongrois doivent subir chaque année une hausse d’environ 10% du prix du gaz, de l'électricité et des transports. Avec une croissance plus lente, les profits n’en continuent pas moins de remplir les poches de quelques capitaines d’industrie occidentaux et hongrois, dont le premier ministre « socialiste » lui-même. On estime que le revenu médian est toujours inférieur de 30% à celui de 1989, en prenant en compte la valeur des avantages matériels comme le logement et l’accès gratuit à de nombreux services. Une grande fraction de la jeunesse, notamment étudiante, ne songe qu’à une réussite individuelle et à partir en Occident.




Le regret de la période précédente où la vie était perçue comme meilleure et surtout plus sûre est observable dans la plupart des pays de l’est. En ex-RDA, on a inventé le concept « d’Ostalgie ». Un sentiment anticapitaliste et un attachement à la « solidarité nationale » sont très aussi répandus.





Mais ce phénomène n’a pas de traduction politique. L’idéologie dominante s’efforce, efficacement pour l’instant, de couper cet état d’esprit et le regret des acquis de l’ancien système de toute référence au socialisme.




Le parti socialiste - héritier direct de l'ancien PSOH pour la structure et les cadres – s’est radicalement détourné de son passé. Au pouvoir, il s’est appliqué, d’une manière brutale et voyante, à démanteler les acquis sociaux du régime précédent, se montrant adepte d’un « libéralisme » échevelé.




Le système politique a (judicieusement) laissé au parti conservateur (droite) le rôle de défendre les quelques meubles restants (santé, universités). Il capte une partie de la protestation sociale, avec un discours souvent nationaliste et tout en développant un discours anticommuniste outrancier.




Le Parti communiste ouvrier hongrois s’efforce de s’impliquer dans le développement du mouvement social. Depuis 2 ans, le PCOH a fini de se désolidariser complètement du PS. Il n’appelle plus à voter pour lui au 2e tour et le caractérise comme un parti capitaliste comme les autres, sans identifier l’ensemble de ses adhérents à sa direction. Mais son influence et sa visibilité restent modestes, hormis sans doute quelques localités. Le PCOH fait face à une intense répression allant jusqu’à la menace d’emprisonnement de tout son bureau politique.




Une campagne internationale de solidarité a été lancée (voir appel).




Pour les communistes français, il ne s’agit pas d’utiliser les résultats de sondages comme celui-ci en Hongrie, pour réhabiliter des modèles de socialisme comme le « socialisme à la hongroise » où l’économie mixte était particulièrement développée. Mais ils permettent de contrer l’un des axes de la propagande anticommuniste, propagée notamment par l’UE et d’alimenter notre réflexion sur notre visée socialiste, sous un autre jour que le discours de la « repentance », des « valises de plomb de l’Histoire », développée par la direction du PCF depuis plusieurs années



source: http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net:80/article-20-ans-apres-la-chute-du-mur-de-berlin-4-pourquoi-62-des-hongrois-regrettent-la-hongrie-socialiste-38856981.html
Blog : http://syndicats.over-blog.com/

dimanche 1 novembre 2009

LA GUERRE ET LA PAIX: PROMESSES ET PAROLES D'OBAMA




War is peace. La guerre est la paix. Ignorance is strength L'ignorance fait la force

Dans sa dernière colonne pour le New Statesman, John Pilger s'appuie sur l'inspiration de George Orwell pour décrire l'appel d'Obama: "attractif pour les sensibilités libérales, sinon pour les enfants afghans, il tue". Barack Obama, winner of the 2009 Nobel Peace Prize, is planning another war to add to his impressive record. Barack Obama, vainqueur de l'édition 2009 du Prix Nobel de la paix, prépare une autre guerre à ajouter à son palmarès impressionnant. In Afghanistan, his agents routinely extinguish wedding parties, farmers and construction workers with weapons such as the innovative Hellfire missile, which sucks the air out of your lungs. En Afghanistan, ses agents d'éteindre systématiquement les noces, les agriculteurs et les travailleurs de la construction avec des armes comme le missile Hellfire innovantes, qui aspire l'air de vos poumons. According to the UN, 338,000 Afghan infants are dying under the Obama-led alliance, which permits only $29 per head annually to be spent on medical care. Selon l'ONU, 338.000 enfants afghans meurent sous la Obama-alliance menée, qui permet à seulement 29 $ par tête chaque année pour être consacré aux soins médicaux. Within weeks of his inauguration, Obama started a new war in Pakistan, causing more than a million people to flee their homes. Quelques semaines après son investiture, Obama a commencé une nouvelle guerre au Pakistan, causant plus d'un million de personnes à fuir leurs foyers. In threatening Iran – which his secretary of state, Hillary Clinton, said she was prepared to “obliterate” – Obama lied that the Iranians were covering up a “secret nuclear facility”, knowing that it had already been reported to the International Atomic Energy Authority. En menaçant l'Iran - dont son secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, a déclaré qu'elle était prête à «effacer» - Obama a menti que les Iraniens, qui masque une «installation nucléaire secrète", tout en sachant qu'elle avait déjà été signalé à l'International Atomic Energy Authority . In colluding with the only nuclear-armed power in the Middle East, he bribed the Palestinian Authority to suppress a UN judgment that Israel had committed crimes against humanity in its assault on Gaza – crimes made possible with US weapons whose shipment Obama secretly approved before his inauguration. En connivence avec la seule énergie nucléaire armés au Moyen-Orient, il a soudoyé l'Autorité palestinienne à réprimer un jugement de l'ONU qu'Israël avait commis des crimes contre l'humanité dans son assaut sur Gaza - crimes rendu possible avec des armes américaines dont le chargement Obama a approuvé en secret avant son inauguration. At home, the man of peace has approved a military budget exceeding that of any year since the end of the Second World War while presiding over a new kind of domestic repression. À la maison, l'homme de paix a approuvé un budget militaire supérieur à celui de n'importe quelle année depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale alors qu'il présidait une nouvelle forme de répression interne. During the recent G20 meeting in Pittsburgh, hosted by Obama, militarised police attacked peaceful protesters with something called the Long-Range Acoustic Device, not seen before on US streets. Au cours de la récente réunion du G20 à Pittsburgh, hébergé par Obama, la police militarisée attaqué des manifestants pacifiques avec ce qu'on appelle le Long-Range Acoustic Device, jamais vu auparavant dans les rues américaines. Mounted in the turret of a small tank, it blasted a piercing noise as tear gas and pepper gas were fired indiscriminately. Monté dans la tourelle d'un petit réservoir, il fait sauter un bruit perçant comme les gaz lacrymogènes et des gaz lacrymogènes ont été tirés sans discrimination. It is part of a new arsenal of “crowd-control munitions” supplied by military contractors such as Raytheon. Il fait partie d'un nouvel arsenal de munitions foule de «contrôle» fourni par des contractants militaires tels que Raytheon. In Obama's Pentagon-controlled “national security state”, the concentration camp at Guantanamo Bay, which he promised to close, remains open, and “rendition”, secret assassinations and torture continue. Au Pentagone Obama-controlled "État de sécurité nationale», le camp de concentration de Guantanamo Bay, à laquelle il a promis de fermer, reste ouvert, et «restitution», les secrets d'assassinats et de tortures se poursuivent. The Nobel Peace Prize-winner's latest war is largely secret. Le Nobel Peace Prize-dernière guerre gagnant est en grande partie secrète. On 15 July, Washington finalised a deal with Colombia that gives the US seven giant military bases. Le 15 Juillet, Washington a finalisé un accord avec la Colombie qui donne aux Etats-Unis sept de gigantesques bases militaires. “The idea,” reported the Associated Press, “is to make Colombia a regional hub for Pentagon operations... «L'idée», a rapporté l'agence Associated Press, "est de faire de la Colombie un centre régional pour les opérations du Pentagone ... nearly half the continent can be covered by a C-17 [military transport] without refuelling”, which “helps achieve the regional engagement strategy”. près de la moitié du continent peuvent être couverts par un C-17 [de transport militaire], sans ravitaillement en vol », qui« contribue à la réalisation de la stratégie de l'engagement régional ». Translated, this means Obama is planning a “rollback” of the independence and democracy that the people of Bolivia, Venezuela, Ecuador and Paraguay have achieved against the odds, along with a historic regional co-operation that rejects the notion of a US “sphere of influence”. Traduit, cela signifie Obama envisage un retour en arrière »de l'indépendance et la démocratie que le peuple de la Bolivie, le Venezuela, l'Equateur et le Paraguay ont obtenu contre toute attente, avec une co-opération régionale historique qui rejette la notion de« sphère des États-Unis d'influence ". The Colombian regime, which backs death squads and has the continent's worst human rights record, has received US military support second in scale only to Israel. Le régime colombien, qui soutient les escadrons de la mort et a le plus mauvais du continent des droits humains, a reçu une aide militaire américaine deuxième échelle uniquement à Israël. Britain provides military training. Grande-Bretagne assure la formation militaire. Guided by US military satellites, Colombian paramilitaries now infiltrate Venezuela with the goal of overthrowing the democratic government of Hugo Chávez, which George W Bush failed to do in 2002. Guidé par des satellites militaires américains, des paramilitaires colombiens infiltrer aujourd'hui, le Venezuela dans le but de renverser le gouvernement démocratique d'Hugo Chávez, dont George W. Bush n'a pas fait en 2002. Obama's war on peace and democracy in Latin America follows a style he has demonstrated since the coup against the democratic president of Honduras, Manuel Zelaya, in June. Guerre d'Obama sur la paix et la démocratie en Amérique latine suit un style qu'il a démontré depuis le coup d'Etat contre le président démocratique du Honduras, Manuel Zelaya, en Juin. Zelaya had increased the minimum wage, granted subsidies to small farmers, cut back interest rates and reduced poverty. Zelaya avait augmenté le salaire minimum, octroyé des subventions aux petits agriculteurs, réduire les taux d'intérêt et réduit la pauvreté. He planned to break a US pharmaceutical monopoly and manufacture cheap generic drugs. Il avait l'intention de briser le monopole pharmaceutique américaine et la fabrication à bas prix des médicaments génériques. Although Obama has called for Zelaya's reinstatement, he refuses to condemn the coup-makers and to recall the US ambassador or the US troops who train the Honduran forces determined to crush a popular resistance. Même si Obama a appelé à la réintégration de Zelaya, il refuse de condamner les responsables du coup d'État et de rappeler l'ambassadeur des États-Unis ou les troupes américaines qui forment les forces du Honduras déterminés à écraser une résistance populaire. Zelaya has been repeatedly refused a meeting with Obama, who has approved an IMF loan of $164m to the illegal regime. Zelaya a été refusé à maintes reprises une rencontre avec Obama, qui a approuvé un prêt du FMI de 164M $ au régime illégal. The message is clear and familiar: thugs can act with impunity on behalf of the US. Le message est clair et familier: voyous peuvent agir en toute impunité au nom des États-Unis. Obama, the smooth operator from Chicago via Harvard, was enlisted to restore what he calls “leadership” throughout the world. Obama, l'opérateur en douceur de Chicago via Harvard, a été enrôlé pour rétablir ce qu'il appelle le «leadership» dans le monde. The Nobel Prize committee's decision is the kind of cloying reverse racism that has beatified the man for no reason other than he is a member of a minority and attractive to liberal sensibilities, if not to the Afghan children he kills. La décision du Comité Nobel est le genre de racisme à l'envers douceâtre qui a béatifié l'homme sans aucune raison autre que ce qu'il est membre d'une minorité et attractif pour les sensibilités libérales, sinon pour les enfants afghans, il tue. This is the Call of Obama. C'est l'appel d'Obama. It is not unlike a dog whistle: inaudible to most, irresistible to the besotted and boneheaded. Ce n'est pas la différence d'un sifflet à ultrasons: inaudible pour la plupart, irrésistible pour les abrutis et crétin. “When Obama walks into a room,” gushed George Clooney, “you want to follow him somewhere, anywhere.” "Quand Obama entre dans une salle», s'est exclamée George Clooney, "vous voulez le suivre quelque part, n'importe où." The great voice of black liberation Frantz Fanon understood this. La grande voix de Black Liberation Frantz Fanon l'avait compris. In The Wretched of the Earth, he described the “intermediary [whose] mission has nothing to do with transforming the nation: it consists, prosaically, of being the transmission line between the nation and a capitalism, rampant though camouflaged”. Dans Les Damnés de la Terre, il a décrit l'intermédiaire »[dont] la mission n'a rien à voir avec la transformation de la nation: elle consiste, prosaïquement, d'être la ligne de transmission entre la nation et un capitalisme rampant mais camouflé». Because political debate has become so debased in our media monoculture – Blair or Brown; Brown or Cameron – race, gender and class can be used as seductive tools of propaganda and diversion. Parce que le débat politique est devenu tellement dégradée dans la monoculture de nos médias - Blair ou Brown, Brown ou Cameron - la race, le sexe et la classe peuvent être utilisés comme outils de séduction de la propagande et le détournement. In Obama's case, what matters, as Fanon pointed out in an earlier era, is not the intermediary's “historic” elevation, but the class he serves. Dans le cas d'Obama, ce qui compte, comme Fanon l'a souligné dans une autre époque, n'est pas de l'intermédiaire "historique", l'élévation, mais la classe dont il s'occupe. After all, Bush's inner circle was probably the most multiracial in presidential history. Après tout, le premier cercle de Bush était probablement la plus multiraciale de l'histoire présidentielle. There was Condoleezza Rice, Colin Powell, Clarence Thomas, all dutifully serving an extreme and dangerous power. Il y avait Condoleezza Rice, Colin Powell, Clarence Thomas, tous servant loyalement une puissance extrême et dangereuse. Britain has seen its own Obama-like mysticism. Grande-Bretagne a vu son propre Obama-comme le mysticisme. The day after Blair was elected in 1997, the Observer predicted that he would create “new worldwide rules on human rights” while the Guardian rejoiced at the “breathless pace [as] the floodgates of change burst open”. Le lendemain de Blair a été élu en 1997, l'observateur prédit qu'il allait créer "de nouvelles règles dans le monde entier sur les droits de l'homme", tandis que le Guardian se réjouissait à la «rythme haletant [que] les vannes de l'éclatement des changements ouverte». When Obama was elected last November, Denis MacShane MP, a devotee of Blair's bloodbaths, unwittingly warned us: “I shut my eyes when I listen to this guy and it could be Tony. Quand Obama a été élu Novembre dernier, Denis MacShane, député, un passionné de bains de sang de Blair, sans le savoir nous a prévenus: "Je ferme les yeux quand j'écoute ce gars et il pourrait être Tony. He is doing the same thing that we did in 1997.” Il fait la même chose que nous avons fait en 1997. "

John PILGER 15 Octobre 2009